Sous le signe de l’échange

Le Musée jurassien des arts de Moutier a le plaisir d’ouvrir la première exposition issue de son partenariat avec L’iselp de Bruxelles.

 

Cette collaboration fructueuse et expérimentale nous permet d’offrir à huit artistes des expositions, accompagnées de séjours de création. Le tout placé sous le signe de Duos d’artistes :un échange.

Les espaces d’exposition contrastés du musée se prêtent bien aux interventions de deux duos d’artistes : d’un côté, une villa du début du 20ème siècle, dite « villa Bechler », du nom d’un de ses premiers propriétaires ; de l’autre, une aile construite en 1996 par le bureau d’architectes suisses Bakker & Blanc, qui comporte une vaste salle bénéficiant d’une lumière naturelle zénithale.

Ainsi, les œuvres picturales ou graphiques de Léonard Félix et de Charlotte Beaudry peuvent prendre toute leur ampleur dans la nouvelle aile du musée, tandis que les sept salles intimiste de la villa sont transformées par les installations de Gabrielle Voisard et d’Elodie Antoine.

 

Léonard Félix et Charlotte Beaudry. Du flou au trompe-l’œil-deux interprétations de la solitude

 

Léonard Félix et Charlotte Beaudry se rejoignent , entre autres, par le sentiment de solitude qui se dégage de leurs œuvres : lieux mystérieux, vides de tout personnage chez le premier ; figures humaines isolées ou objets quotidiens chez la seconde. De plus, tous deux se réfèrent à la photographie, voire au cinéma.

A l’inverse, on pourrait que leurs peintures et leurs dessins sont diamétralement opposés. Non seulement par leurs sujets, paysage versus figure, mais aussi par leurs styles : flou gris bleuté chez Léonard Félix, netteté chez Charlotte Beaudry. Point de vue éloigné, aspect vaporeux pour dépeindre des paysages et des architectures chez l’artiste suisse. Cadrage en plan rapproché chez l’artiste belge qui opte pour une échelle légèrement surdimensionnée par rapport à son modèle (Mademoiselle nineteen), voire monumentalisée (Sac de fille)(noir)).

Le flou de Léonard Félix se veut « révélation » d’ordre à la fois photographique et spirituelle tandis que les cadrages de Charlotte Beaudry évoquent le leurre du « trompe-l’œil », se réfèrent au cinéma et interrogent certaines donnes de la société actuelle. Dans la nouvelle aile du musée, ces deux approches de l’image contrastent.

Toutefois elles pourraient aussi se compléter, comme les figures et le fond paysagé dans une Vierge à l’enfant d’un autre Léonard, Léonard de Vinci (1452-1519), ou comme les acteurs et les décors d’un studio de cinéma.

 

Valentine Reymond, 2011

Lien vers Duos d’artistes, Musée jurassien des arts Moutier